Le GRAINE au cœur de l’accompagnement pour la transformation écologique
Le GRAINE Provence-Alpes-Côte d’Azur a participé à une journée de formation organisée par la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Provence-Alpes-Côte d’Azur (CRESS Provence-Alpes-Côte d’Azur) le lundi 6 octobre 2025 à Marseille. Intitulée « Accompagner la transformation écologique des entreprises de l’ESS », cette rencontre, menée en partenariat avec ESS France et AgroParisTech, a réuni une trentaine de professionnels de l’accompagnement.
Parmi les participants : des associations d’éducation à l’environnement et au développement durable (comme « 1 Déchet pour jour » ou « Planète Zéro Déchet », adhérents du GRAINE), des entreprises de l’ESS comme l’IRFEDD (Institut Régional de Formation à l’Environnement et au Développement Durable, dont le GRAINE est sociétaire), des consultants indépendants, ou encore des têtes de réseau comme le GRAINE.
L’ESS face à l’impératif de la transition systémique
La journée a commencé par un constat : la crise écologique actuelle (effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources, crise climatique) rend indispensable une refonte complète de nos modèles de production et de consommation (cf. le Circularity Gap Report 2024). Pour les organisations, la transformation écologique n’est pas une option, mais une stratégie de résilience et de durabilité. Pour cela, le modèle de la « Théorie du Donut » de Kate Raworth (graphique ci-dessous) a été pris en exemple : naviguer les 12 limites planétaires en garantissant le plancher social pour tous sans dépasser le plafond environnemental.

L’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est naturellement prédisposée à ce virage. Ses principes fondateurs, tels que la non-lucrativité/lucrativité limitée, l’ancrage territorial fort, la gouvernance partagée et la vision de temps long, sont en parfaite adéquation avec la sobriété, la mutualisation et l’intérêt collectif requis par la transition. De plus, la loi ESS de 2014 engage déjà les entreprises du secteur sur le volet environnemental.
Anticiper les vulnérabilités
L’anticipation est la clé de la pérennité. Notamment anticiper l’évolution de la réglementation, à l’image du Décret Tertiaire, issu de la Loi Climat & Résilience, qui impose la réduction des consommations d’énergie finale de l’ensemble du parc tertiaire d’au moins -40 % en 2030, -50 % en 2040, -60 % en 2050 (par rapport à 2010).
Mais au-delà de se conformer à la réglementation, il s’agit d’intégrer les vulnérabilités systémiques. La session a mis en lumière des cas concrets de menaces directes du dérèglement climatique sur l’activité, comme l’annulation de festivals ou d’activités de pleine nature due à la fermeture des massifs forestiers pour risque incendie, ou l’adaptation des services aux personnes âgées en période de canicule.
Des cas concrets d’accompagnement ont été présentés insistant sur la mutualisation des équipements et des compétences pour réduire l’impact environnemental individuel et créer des dynamiques locales. Par exemple, un EHPAD associatif ayant installé des panneaux photovoltaïques pour répondre à la fois au Décret Tertiaire mais aussi maîtriser au mieux ses coûts énergétiques. De même, une association de garde d’enfants à domicile confrontée à la densité du trafic routier a pu optimiser son planning des déplacements et collaborer avec son EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) pour initier une réflexion sur la logistique des transports en commun de l’agglomération.
La formation visait à doter les accompagnateurs des outils nécessaires pour faciliter ce changement structurel. Les objectifs étaient clairs :
– Comprendre la transformation écologique comme un enjeu de pérennité pour les organisations de l’ESS.
– Adapter sa posture professionnelle face aux transitions.
– Identifier les outils existants et savoir les intégrer dans ses pratiques.
– Apprendre à formuler les questions pertinentes pour faire émerger un besoin de changement.
– Favoriser les complémentarités entre acteurs.
Des outils pour structurer le changement
L’accompagnement doit s’appuyer sur une méthodologie robuste, intégrant le diagnostic, la gestion du changement et le suivi.
- Diagnostic : L’outil Canevas C.O.E.U.R. (Organisation Écologique Utile et Résiliente) et la Matrice de Double Matérialité ont été présentés pour identifier les enjeux prioritaires. La Matrice des Parties Prenantes permet quant à elle de prioriser les partenaires selon leur pouvoir et leurs attentes.
- Action : La Matrice Impact / Faisabilité aide à hiérarchiser les actions à mettre, ou pas, en œuvre.
- Suivi : La plateforme ESSPratiques.fr est un outil de diagnostic et de reporting que la CRESS peut mettre à disposition pour tester.
La journée s’est appuyée sur les travaux du CRDLA Transformation écologique (Centre de Ressources du Dispositif Local d’Accompagnement de l’ESS). Le DLA est un levier majeur pour renforcer la résilience des structures et les aider à saisir les opportunités de développement liées à la transition.
La Scic (Société coopérative d’intérêt collectif) immaTerra a souligné que 60 % des dirigeants craignent la disparition de leur organisation dans les 10 ans sans une évolution de leur modèle d’affaires. L’évolution passe, tout d’abord, par une réflexion sur la raison d’être et la coopération. La coopération naît et s’entretient entre des personnes, et non entre des structures, nécessitant de gérer l’équilibre des « Poupées imbriquées » (le JE, le NOUS, le DANS).

« Si j’avais une heure pour résoudre un problème dont ma vie dépendait, je passerais les 55 premières minutes à chercher la meilleure question à me poser, et lorsque je l’aurais trouvée il me suffirait de 5 minutes pour y répondre » – Albert Einstein
Un point a été dédié à la « Questiologie » (théorisée par Frédéric Falisse). Les participants ont été formés à distinguer les questions « intelligentes » (qui montrent l’expertise) des questions « pertinentes » (qui font avancer l’interlocuteur dans sa réflexion). Pour être un véritable coach/facilitateur, il faut privilégier les questions ouvertes (qui n’appellent pas une réponses par oui ou non, ex. : « Dans quelle mesure… ? »), conjuguées au futur, et ne pas anticiper la réponse.
En participant à cette formation, le GRAINE Provence-Alpes-Côte d’Azur réaffirme son rôle de tête de réseau mobilisé pour l’évolution du secteur. La transformation écologique est intrinsèquement liée à la mission du GRAINE de soutenir l’Éducation à l’Environnement et au Développement Durable (EEDD). Le partage de ces connaissances et de ces outils d’ingénierie est primordial pour que les structures d’accompagnement puissent :
– Anticiper les impacts de la crise écologique sur leurs bénéficiaires (populations fragiles, hausse des prix).
– Répondre aux évolutions réglementaires (Décret Tertiaire, loi AGEC…).
– Saisir de nouvelles opportunités de financement et de marchés conditionnés par des clauses environnementales (éco-conditionnalités).